Le théâtre magique de Joël Pommerat ou "le voyage idéal"


« It's always the same story » chante "le Prince" de Cendrillon, et le théâtre de Joël Pommerat emprunte la magie du conte pour dire aux jeunes (et aux moins jeunes) la nécessité du voyage et l'urgence du "regard éloigné"* des séparations afin d'échapper aux pièges des malentendus ("mal entendus" ?), des dérives discursives sans prise sur le réel et des processus pervers qui emprisonnent parfois dans la culpabilité et la mélancolie.


*Lévi-Strauss, Le Regard éloigné

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La jeunesse et l'amour à l'épreuve du théâtre de Joël Pommerat :

« Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants », ce n'est pas ainsi que se termine Cendrillon de Joël Pommerat, ni Pinocchio, ni Le Petit Chaperon rouge.


« La jeunesse n'est pas un âge heureux. C'est l'âge où l'on espère peu. C'est l'âge où le passé est le plus pesant», Olivier Py,

"La parole comme présence à soi et au monde", Leçon inaugurale du 4-12 2009 au TNP de Villeurbanne à l'occasion du séminaire national : "Enseigner le théâtre au collège et au lycée aujourd'hui".

Heureusement, le "voyage idéal" peut continuer par la magie du « théâtre vivant » des « Cercles/Fictions », à l'image du theatrum mundi dont "le centre est partout, la circonférence nulle part", afin de permettre aux « Petit(s) Poucet(s) rêveur(s) » de s'ouvrir à la faveur des rencontres de « l'autre » (en soi et hors de soi) et de devenir « poète(s) de (leur) propre vie » (au sens où l'entendait Goethe), c'est-à-dire metteurs en scène et dramaturges de leurs délivrances (à tous les sens du terme), enfin des "grandes personnes" en toute "reconnaissance" et coïncidence de cause.






"Petit Poucet rêveur"... "un pied près de mon coeur", "Ma Bohême", Arthur Rimbaud



"Que d'amours splendides j'ai rêvées ! "




"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans"

"Ma Bohême"


Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
-- Petit Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse,
-- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !


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« J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. »

Rimbaud, Illuminations



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"Petit Poucet rêveur... un pied près de mon coeur"

Olivier Py, Directeur de l'Odéon-Théâtre de l'Europe
Auteur dramatique, poète, comédien et metteur en scène


"un théâtre qui se fonde avant tout à partir du poème"

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-- Vous n'étiez pas candidat à la direction de l'Odéon. Pourquoi le ministre vous a-t-il choisi ?

-- Il connaissait mes idées, mon attachement aux idéaux de la décentralisation. Ma conviction que ce rêve a un bel avenir, que l'enivrement virtuel et la globalisation ne remettent pas en cause notre geste : au contraire, cela le refonde autrement. Il a sans doute aussi été intéressé par mon attachement à un théâtre qui se fonde avant tout à partir du poème.

-- C'est votre ligne majeure ?

-- Ce que je disais il y a dix ans de manière corsaire, agressive -- il faut que les poètes contemporains soient entendus --, je ne peux plus le dire de la même façon : il y a aujourd'hui beaucoup plus de productions à partir de textes contemporains.
Nous avons maintenant besoin d'un travail sur le répertoire : on joue toujours les mêmes pièces alors que des parties entières du répertoire sont tombées dans l'obscurité. On monte plus Jean-Luc Lagarce [avec qui Py a travaillé plusieurs années] que Corneille, et Hugo semble interdit. Peut-être pourrai-je réparer cette injustice.

Le Monde, vendredi 4 mai 2007 : entretien - Le nouveau directeur de l'Odéon présente la saison 2007-2008






« J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. »

Rimbaud, Illuminations




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Olivier Py : "le pari de la jeunesse"

à suivre...