Présentation de la saison 2010-2011 à l'Odéon -Théâtre de l'Europe


"Auteur, metteur en scène et acteur, Olivier Py, 41 ans, a été nommé, en décembre 2006, à la tête de l'Odéon - Théâtre de l'Europe, par le ministre de la culture."


Le Monde, vendredi 4 mai 2007 : entretien - Le nouveau directeur de l'Odéon présente la saison 2007-2008


Olivier Py - Directeur de L'Odéon, Théâtre de L'Europe
Auteur dramatique, romancier, poète, comédien, metteur en scène



Extraits de l'entretien :

-- Vous n'étiez pas candidat à la direction de l'Odéon. Pourquoi le ministre vous a-t-il choisi ?

-- Il connaissait mes idées, mon attachement aux idéaux de la décentralisation. Ma conviction que ce rêve a un bel avenir, que l'enivrement virtuel et la globalisation ne remettent pas en cause notre geste : au contraire, cela le refonde autrement. Il a sans doute aussi été intéressé par mon attachement à un théâtre qui se fonde avant tout à partir du poème.

-- C'est votre ligne majeure ?

-- Ce que je disais il y a dix ans de manière corsaire, agressive -- il faut que les poètes contemporains soient entendus --, je ne peux plus le dire de la même façon : il y a aujourd'hui beaucoup plus de productions à partir de textes contemporains.
Nous avons maintenant besoin d'un travail sur le répertoire : on joue toujours les mêmes pièces alors que des parties entières du répertoire sont tombées dans l'obscurité. On monte plus Jean-Luc Lagarce [avec qui Py a travaillé plusieurs années] que Corneille, et Hugo semble interdit. Peut-être pourrai-je réparer cette injustice.

Le Monde, vendredi 4 mai 2007 : entretien - Le nouveau directeur de l'Odéon présente la saison 2007-2008


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PORTRAIT d'Olivier Py

des Suppliantes d'Eschyle à La Vraie fiancée et aux Enfants de Saturne un chemin...



Le théâtre change-t-il l'homme ?


La place du poème et de la parole dans la cité

Entretien d' Olivier Py avec les étudiants de la Sorbonne, mercredi 17 février 2010


Le théâtre ou " la parole retrouvée"

"Le théâtre, une parole en présence replacée dans une géométrie de la ré-appropriation de l'être-là. Le théâtre, bien sûr, sert à voir le monde. Quand on sort d'une salle de théâtre, on a rééduqué son rapport au réel, on a acquis des outils émotionnels pour réinterpréter le réel."

"Le théâtre qui a un message, je m'en méfierai toujours"

"On n'a pas à demander au théâtre de viser autre chose que lui-même"

"Pour être efficace, le théâtre doit être en exil du monde politique"

"La parole qui sauve ne sauvera pas quand elle sera déléguée à des technologues"

"Le théâtre est de l'ordre de l'anthropogène. C'est la mise en relation, en présence avec le phénomène de la parole et faire que par la parole toute réalité fasse signe".

www.tempoemythe.blogspot.com
www.tempoestyle.com



PORTRAIT : Olivier Py, des Suppliantes d'Eschyle à La Vraie fiancée et aux Enfants de Saturne un chemin...




à suivre...


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"Nous devons notre salut à la force des mots", Les Suppliantes


Odéon, Théâtre de l'Europe « hors les murs »

jeudi 6 avril à 12 heures, Théâtre de l'EABJM : 2des et 1ères (durée : une petite heure)


L'autre, un sujet en question : l'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir

avec "la mesure en héritage"



Dialectique ou polémique ?


Argumenter, c'est donner ses raisons


Ecouter : c'est prendre en compte la parole de l'autre

Disserter : c'est écouter des points de vue différents et mettre en jeu ses connaissances littéraires pour servir différentes thèses, avec la perspective d'une synthèse délibérative.


"Il faut que vienne à moi une pensée qui sauve", Les Suppliantes


Quel est le symbole de l'olivier ?

www.tempoemythe.blogspot.com



Débat : une identité se construit-elle forcément sur le mode de la conflictualité ?

tempoedialectique.blogspot.com



Quelle(s) réussite(s) pour demain ?

www.tempoeroman.blogspot.com

(le making of du roman collectif "générationnel" )



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L'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir : « la mesure en héritage »


Les Suppliantes, tragédie grecque d'après Eschyle

Texte français, adaptation et mise en scène d'Olivier Py, Directeur de L'Odéon-Théâtre de l'Europe



Odéon, Théâtre de l'Europe « hors les murs »

jeudi 6 avril à 12 heures, Théâtre de l'EABJM : 2des et 1ères (durée : une petite heure)


D'Eschyle, Olivier Py a mis en scène l'Orestie, en 2008, Les Sept contre Thèbes, en 2009 et en 2010, Les Suppliantes


Olivier Py a souhaité projeter l’Odéon «hors les murs», à la rencontre de ceux et celles qui deviendront peut-être publics des théâtres. Au cours de la saison passée, deux comédiens ont donc sillonné l’Île-de-France pour interpréter dans les lycées, les centres sociaux, les comités d’entreprise, une version brève et intense des Sept contre Thèbes d’Eschyle.


Cette première expérience s’est avérée si forte qu’Olivier Py souhaite poser dès 2010, toujours avec Eschyle, un nouveau jalon de ce «théâtre d’intervention», en donnant des Suppliantes une version concentrée, d’une heure environ, pour trois comédiens. La tragédie des Suppliantes est une forme théâtrale d’une telle simplicité qu’elle a longtemps passé pour l’oeuvre la plus ancienne que nous ayons conservée du premier des grands Tragiques.


L’intrigue est d’un dépouillement tel qu’elle en devient presque archétypique. Un choeur de femmes, fuyant des noces auxquelles on veut les contraindre, vient demander asile et protection en terre d’Argos ; le roi du pays, après avoir hésité entre deux droits et deux intérêts – ceux de son peuple, ceux des suppliantes –, décide de leur accorder son soutien et se prépare à une guerre dès lors inévitable. La situation, sans autre ressort dramatique que les affres des malheureuses, suffit à évoquer des questions aussi essentielles que la violence faite aux femmes, l’exil et le malheur des réfugiés, l’accueil de l’étranger et l’hospitalité comme devoir.



Les Danaïdes, John William Waterhouse (1903)


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L'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir : « la mesure en héritage »


Une tragédie contemporaine : Daniel Loayza

Daniel LOAYZA est normalien et agrégé de Lettres, conseiller dramaturgique de l'Odéon. Il a notamment traduit l'Orestie d'Eschyle, pour la collection Garnier-Flammarion.

Le théâtre ici assume la simplicité grave des statues. Un groupe de femmes entre en scène pour ne plus en sortir. Elles viennes d'au-delà des mers. Elles fuient la terre où elles sont nées, car leurs cousins, qui les poursuivent, veulent les épouser de force. Sous la conduite de leur père, les voici donc sur le sol grec pour demander asile au roi d'Argos. Consentir à cette demande, c'est risquer une guerre ; la repousser, c'est outrager le droit divin des faibles et des suppliants. Et d'ailleurs, que vaudrait ici une décision royale dont le peuple ne se porterait pas garant ? Démocratie et droit des gens, respect des femmes et de l'étranger, violence, justice, hospitalité -- de toutes les pièces d'Eschyle, aucune ne trace en si peu de gestes une intrigue d'apparence aussi claire, où tant de fils tendus se nouent et vibrent encore. Les ressources d'art convoquées par Eschyle sont elles aussi d'une sobriété presque hiératique. Le choeur des Danaïdes constitue le véritable protagoniste. Leurs angoisses, leurs épreuves, leurs supplications suffisent au mouvement dramatique. Le décor n'est pas moins dépouillé. Les Suppliantes est une tragédie sans autre espace scénique que l'orchestra, l'aire circulaire où le choeur déployait ses danses. [...]

Du désordre qui règne encore, les filles de Danaos, sont d'abord les victimes, elles à qui les fils d'Egyptos veulent s'imposer par la violence. Dès la deuxième pièce (perdue) de la trilogie, il s'avérait que les Danaïdes prolongeaient ce désordre à leur tour, en faisant couler le sang de leurs cousins -- mais ceci est une autre histoire. Comment s'achevait-elle selon Eschyle ? Zeus, recours de l'étranger, est aussi protecteur avec son épouse Héra des liens du mariage. Dans la troisième et dernière tragédie, les meurtrières étaient donc condamnées à subir le joug nuptial, et le temps qui s'inaugure alors, temps de l'union et du consentement à la loi commune des mortels, ouvre désormais la voie au nôtre : l'ère de l'excès se referme, et le mythe, en prenant congé, nous laisse la mesure en héritage.


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Les Suppliantes d'Eschyle



Traduction et notice de Paul Mazon :


"La date des Suppliantes est inconnue. Il semble bien pourtant qu'elles soient la plus ancienne des pièces d'Eschyle. Elles apparaissent en effet comme le seul exemplaire qui nous reste d'une forme vite disparue de la tragédie, où le véritable protagoniste était le choeur."


Une tragédie du poète grec Eschyle, écrite entre le désastre infligé par Cléomène à Argos en 493 avant JC et la victoire de Marathon ?


N.B. De Pierre Vidal-Naquet (folio classique)


"Mais la publication, en 1952, d'un fragment sur papyrus de la didascalie (date et circonstances de la représentation) de la tétralogie dont font partie Les Suppliantes nous a appris qu'elle a été représentée sous l'archontat d'Archédémidès, c'est-à-dire en 464-463."


Dans Les Suppliantes, le choeur est le personnage principal : il est formé des Danaïdes (nymphes hydrophores ou guerrières intrépides selon les représentations de ces héroïnes légendaires qui font alternativement figures d'amazones farouches ou de « colombes timides poursuivies par un épervier cruel » => cf. www.tempoe mythe : la réversibilité des symboles)


Dans la mythologie grecque, les Danaïdes sont les 50 filles du roi Danaos. Elles accompagnent leur père Argos quand il fuit ses neveux, les 50 fils de son frère Agyptos. Elles sont condamnées aux Enfers à remplir sans fin un tonneau sans fond parce qu'elles ont tué ces derniers le soir de leurs noces.



Auguste Rodin, La Danaïde, sculpture en marbre (1890)


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Une présentation de : à suivre...

La Vraie fiancée, Olivier Py (Théâtre de L'Odéon) et rencontre avec Olivier Py

Vendredi 11 juin (2de 4) - Ateliers Berthier 17ème


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Rappel de la rentrée de janvier 2010 :


Bienvenue en 2010, sur les pas de la "jeune fille errante" !



Les trois improvisations de la dernière séance de l'option théâtre 2009 sont parties du mot "chaleur" autour du feu... sur le thème de "la petite Catherine" et de la "Muse de Noël"...

Puis des lectures de scènes des Pas perdus, de Denise Bonal :

"-- Oui, cette vallée de larmes, moi je vous le dis, il ne faut plus en entendre parler ! Que ceux qui ont inventé ce paysage le boivent jusqu'à la dernière goutte ! Non, non, on n'est pas sur la terre pour pleurer, que ce soit dans un mouchoir, un lit, une forêt, un escalier ou un train. Non, les larmes c'est fait pour le jour où l'homme qu'on aime vous dit enfin qu'il vous aime – ou quand le prisonnier se retrouve à l'air libre. Je dirai même qu'on n'est pas sur la terre pour mourir! Ah ! Non ! On serait arrivés ici, juste pour mourir ! On nous aurait jetés comme une poignée de sel dans la soupe rien que pour nous voir fondre entre les yeux du bouillon. Non ! On est ici pour vivre ! Oui, pour vivre avec du ciel partout, du ciel sous les bras et dans les draps, du ciel en pagaie, du ciel qu'on pourrait presque toucher, et qu'on verrait palpiter sur les trottoirs et même dans le métro, et même dans son bol de café, et même dans l'eau où on lave le bol de café. Parce que vivre c'est pas une habitude, c'est une expédition au long cours et bien plus intéressante que de sauter sur la lune où il n'y a que des crevasses et des cailloux blancs ".

Les Pas perdus, Denise Bonal ("la jeune fille errante")


Vendredi 8 janvier 2010 :

Théorie :

Lecture des carnets de bord : les absents du vendredi 18 décembre attendent avec impatience le compte-rendu des impros sur " la muse de Noël 2009"

Choix d'une scène de tragédie "classique" pour les prochaines auditions

Remise d'un dossier sur l'un des deux spectacles, de Kleist ou d'Ibsen : entretiens le 15 janvier.

Pratique :

1. Echauffements sur le thème de " la muse de janvier 2010"

2. Répétitions des scènes de comédie : "italiennes" et "allemandes"

3. Auditions.



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A son origine, elle est une cérémonie religieuse et civique.

Jean-Pierre Vernant caractérise la tragédie par une tension entre le passé du mythe et le présent de la polis.


Le théâtre d'Epidaure

Issue des légendes grecques d'abord transmises oralement par des aèdes (poètes chanteurs), l'épopée est la première forme du récit. Le genre épique se retrouve dans de nombreuses civilisations. La tragédie succède à l'épopée (p. 113) mais est antérieure à la comédie.

De l'épopée à la tragédie : tempoetheatre.poesie.com

L'épopée est l'ancêtre du roman et de la tragédie : tempoepoesie-mythe

De l'épopée au roman (p. 124) : tempoeroman.blogspot.com

La guerre de Troie inspira L'Iliade d'Homère, puis Les Troyennes, tragédie d'Euripide.

Les tragédies d'Eschyle :

PROMETHEE ENCHAINE - PROMETHEE DELIVRE - PROMETHEE PORTE-FEU


La tragédie, à son origine, est une cérémonie religieuse et civique. Elle se déroule dans des théâtres.

Cette origine religieuse et le registre tragique définissent le genre de la tragédie : les héros mêlés à des intrigues nouées par les dieux, sont impuissants, souffrant de la fatalité qui pèse sur eux (Prométhée, Oedipe, Antigone, Iphigénie). Contrairement au registre comique, le héros tragique est d'ascendance noble et mythique. (p.. 31, Manuel de français de 2de, Terres littéraires, Hatier)

La tragédie succède à l'épopée (p. 113), mais est antérieure à la comédie.


"Amant alternae Camenae", Virgile
("Les Muses aiment les chants alternés")

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Les origines de la tragédie : le châtiment de l'Hybris ou le sacrifice du héros ("demi-dieu")

Les dionysies (tragos-ôde : chant du bouc) : Dionysos ou le bouc-émissaire

A Athènes, dans l'Antiquité, les citoyens assistaient en masse aux représentations théâtrales. Le théâtre était considéré non seulement comme un divertissement, mais aussi comme un moyen d'éducation morale et civique.

Suivant La Poétique d'Aristote, le spectateur doit ressentir "terreur" et pitié" pour le héros (bouc-émissaire), éprouver de la compassion mais se garder de chercher à lui ressembler par la démesure : l'"hybris".

La "mimesis" (la représentation) favorise un processus d'identification destiné à provoquer un bouleversement salutaire appelé la "catharsis" ou purgation des passions. Le spectateur doit sortir transformé d'un spectacle et apprendre la soumission à la dikè divine et à la polis.



La double fonction du théâtre : un divertissement didactique ?
(moral, politique, pédagogique)

"Instruire et plaire", suivant l'esthétique "classique" ?


"Le théâtre est un champ de forces, très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie des gens." Antoine Vitez (metteur en scène)

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Un théâtre miroir d'une société
?

"La tragédie n'est pas seulement une forme d'art; elle est une institution sociale que, par le fondation des concours tragiques, la cité met en place à côté de ses organes politiques et judiciaires. En instaurant sous l'autorité de l'archonte éponyme, dans le même espace urbain et suivant les mêmes normes institutionnelles joué, jugé par les représentants qualifiés des diverses tribus, la cité se fait théâtre; elle se prend en quelque sorte comme objet de représentation et se joue elle-mêle devant le public".
Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, Mythe et tragédie en Grèce ancienne


"Le héros nie l'ordre qui le frappe et l'ordre divin frappe parce qu'il est nié. Tous deux affirment leur existence réciproque dans l'instant même où elle est contestée [...] La seule purification revient à ne rien nier ni exclure, à accepter le mystère de l'existence, et cet ordre enfin où l'on sait sans savoir." Camus (à propos d'Oedipe-Roi)

Le sacrifice du héros tragique :
"mimesis" et "catharsis"

I. Le sacrifice du héros tragique ("tragos-ôde") : la "purgation des passions", de la tragédie grecque au théâtre janséniste de Racine ( "mimesis " et "catharsis" : le châtiment de l'"hybris").
=> la tragédie classique (p. 43)
"Le ressort de la tragédie-spectacle, (...) c'est le revirement. Changer toutes choses en leur contraire est à la fois la formule du pouvoir divin et la recette même de la tragédie".
Roland Barthes, Sur Racine (1979)


"S'il se vante, je l'abaisse..."

II. La tragédie moderne : réécritures et relectures du mythe
=> une remise en cause de la tragédie classique (p. 45)

III. Le théâtre, un chemin : l'enquête sur l'origine dans le théâtre contemporain


Littoral de Wajdi Mouawad : Le Sang des promesses

1er volet d'une quadrilogie sur la transmission et l'héritage

www.theatre71.com/littoral.html




Jeudi 21 janvier 2010 à 19h30 au Théâtre 71 de Malakoff (mise en scène de Wajdi Mouawad)
3, place du 11 novembre - 92240 Malakoff (M°Malakoff/ Plateau de Vanves)


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Le mythe du "paradis perdu" : la chute


Gustave Doré, illustration to Milton'Paradise Lost

A l'origine était le mythe...


"On ne pense que par image. Si tu veux être philosophe, écris des romans", Albert Camus


Le mythe : récit légendaire des origines qui exprime les valeurs d'une société. Amplifié par l'imaginaire collectif, il s'inspire de légendes portées par une tradition orale.

[bas latin mythus ; grec muthos : récit, fable]

"Un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante", Denis de Rougemont

Le mythe est un récit fabuleux porté à l'origine par une tradition orale. Souvent d'origine populaire, il met en scène des êtres incarnant sous une forme symbolique des forces de la nature, des aspects de la condition humaine (fable, légende, mythologie). Il contient généralement une morale.


Représentation de faits ou de personnages réels déformés ou amplifiés par l'imaginaire collectif, la tradition. Il implique souvent des personnages merveilleux (des dieux, des héros*, des animaux fabuleux, des anges ou des démons).

* héros : au sens étymologique de "demi-dieu"

Le mythe se veut explicatif et fondateur d'une pratique sociale. Il propose sous forme métaphorique une lecture du monde et de la société qui les transmet (cosmogonie et genèse : création du monde, phénomènes naturels, rapports de l'homme avec le divin et la société, genèse d'une société humaine et ses relations avec les autres sociétés).

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"De la musique avant toute chose"...

Lyre, lyrisme

Tragédie (tragos-ôde)

Dionysos, Apollon, Calliope, Thalie, Nelpomène, Orphée... ou le chant qui guérit ?

Dans l'Antiquité grecque, la musique, le chant, la danse et le théâtre étaient indissociables.

Ils étaient associés à "l'art médical".

Quel est le nom de ce dieu ?

Et pourquoi est-il honoré à Epidaure ?



La tragédie ("tragos" -"ôde") ou le chant qui guérit : mimesis et catharsis


ESCULAPE, le dieu de la chirurgie et de la médecine

Il est le fils de Coronis et d'Apollon (ou le dieu de la beauté égoïste) => Les Métamorphoses d'Ovide

De naissance miraculeuse, formé par le centaure Chiron, il devient un bon médecin.

Il apprend également la musique et les mathématiques.

L'hybris

Il serait arrivé un jour en retard au chevet d'une jeune malade qu'il aurait ressuscitée grâce au sang de la Méduse pour réparer sa faute.

Il aurait été châtié pour avoir bouleversé la loi divine (tous les hommes sont mortels) et provoqué la colère d'Hadès (le dieu de la vallée des morts) parce qu'il aurait rompu l'équilibre => Prométhée enchaîné d'Eschyle

Il est honoré d'abord à Epidaure, puis dans toute le Grèce, sous la forme d'un serpent.


Le théâtre d'Epidaure

Ouverture de deux sites à Epidaure, au début et à l'apogée de la civilisation grecque :

au IVème siècle avant JC


"Les mots faisaient primitivement partie de la magie, et de nos jours encore le mot garde beaucoup de sa pauissance de jadis. Avec des mots un homme peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c'est à l'aide de mots que le maître transmet son savoir à ses élèves, qu'un orateur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et décisions. Les mots provoquent des émotions et constituent pour l'homme le moyen général de s'influencer réciproquement."


Freud, Introduction à la psychanalyse


1. Un centre médical et religieux (capacité d'accueil de 60 malades) : miracles ou thérapies miraculeuses ?

Les percussions contribuaient à soigner les "mélancoliques"

Et la lyre les "agités"...

2. Un théâtre antique (ou amphithéâtre) à l'acoustique exceptionnelle construit par l'architecte Polyclète.



"Amant alternae Camenae", Virgile

("Les Muses aiment les chants alternés")


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"Le ressort de la tragédie-spectacle, (...) c'est le revirement. Changer toutes choses en leur contraire est à la fois la formule du pouvoir divin et la recette même de la tragédie".
Roland Barthes, Sur Racine (1979)


I. Le sacrifice du héros tragique ("tragos-ôde") : la "purgation des passions", de la tragédie grecque au théâtre janséniste de Racine ( "mimesis " et "catharsis" : le châtiment de l'"hybris").
=> la tragédie classique (p. 43)


"S'il se vante, je l'abaisse..."

LE JANSENISME : Racine et son théâtre ; Pascal, Les Provinciales (1656-1657)

« misère de l’homme sans Dieu », Pascal : l’homme, sans la « grâce » divine ne peut être sauvé.

Le paradoxe de Port-Royal : la fidélité marquée de Racine envers ses premiers maîtres lui valut la demi-disgrâce qui précéda de peu sa mort (1699)


LE JANSENISME : mouvement religieux et intellectuel animé par les partisans de la doctrine de Jansénius sur la grâce et la prédestination ; morale chrétienne austère, exigeante, voire rigoriste (Pascal Quignard, Tous les matins du monde)

Saint-Augustin, Les Confessions : dénonciation de 3 formes de libido (libido dominendi , sciendi et sentiendi)

Le théâtre de Racine : théâtre de la condamnation des "passions" (l'"hybris" : la démesure).

Les jansénismes formaient un parti hostile à l'absolutisme de Louis XIV qui entreprit en 1661 de s'assurer leur soumission. [Auparavant, il y avait eu de nombreuses querelles à propos de la grâce, des critiques des jansénistes à propos de la fréquente communion et du laxisme des casuistes, de violentes réactions des jésuites : l'interdiction faite par Rome de ne rien publier sur ces matières (1611 et 1625) n'enraya pas la querelle de plus en plus chargée de significations politiques (le parti dévot, en relation avec Jansénius, s'attira la haine politique de Richelieu)].


"S'il se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante ; et je le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible." Pascal, Pensées , 420


COMPAGNIE DE JESUS (fondée en 1540 par Ignace de Loyola) : vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, spécialement au pape. Ordre fortement hiérarchisé, organisé militairement. Apostolat "pour la plus grande gloire de Dieu"

( "Ad majorem Dei gloriam" , devise de l'ordre) développement de l'enseignement : 1615-1645 : âge d'or > le meilleur instrument de la Réforme catholique.


Problématique : Le théâtre de Racine est-il « janséniste » ?


Fin de l’article « Racine » du Dictionnaire, Robert des noms propres :

S’inscrivant contre la « galanterie » et le « romanesque », préférant aux intrigues complexes de Corneille la progression d’une évolution dramatique conduite par la logique des caractères, celle même de leur discours, substituant à l’ « admiration » suscitée par le héros, vainqueur des dieux et de lui-même, la pitié et l’horreur engendrés par son destin misérable, Racine a restitué à la scène tragique sa véritable dimension, celle que lui avait conférée les Grecs. En concevant la passion amoureuse comme une fatalité infernale, génératrice de haine et de destruction, en la présentant comme l’instinct le plus possessif et le plus égoïste de l’âme humaine, sans, toutefois, que ses misérables victimes n’entretiennent en elles-mêmes la nostalgie douloureuse d’une innocence perdue, Racine apparaît non seulement comme le meilleur disciple de Port-Royal, mais encore comme le véritable créateur de la tragédie française.


Roland Barthes, Sur Racine (préface)


"La littérature est essentiellement, comme je le crois, à la fois un sens posé et un sens déçu, Racine est sans doute le plus grand écrivain français ; son génie ne serait alors situé spécialement dans aucune des vertus qui ont fait successivement sa fortune (car la définition éthique de Racine n'a cessé de varier), mais plutôt dans un art inégalé de la disponibilité, qui lui permet de se maintenir dans le champ de n'importe quel langage critique.

Cette disponibilité n'est pas une vertu mineure ; elle est bien au contraire l'être même de la littérature, porté à son paroxysme. Ecrire, c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. La réponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté ; mais comme histoire, langage et liberté changent infiniment, la réponse du monde à l'écrivain est infinie : on ne cesse jamais de répondre à ce qui a été écrit hors de toute réponse : affirmés, puis mis en rivalité, puis remplacés, les sens passent, la question demeure."

L'œuvre est une forme (comme le temps) : à cette condition seulement, elle peut être une structure d'appel :

"Mais pour que le jeu s'accomplisse […], il faut que l'œuvre soit vraiment une forme, qu'elle désigne vraiment un sens tremblé, et non un sens fermé […] il faut qu'à la duplicité fatale de l'écrivain, qui interroge sous couvert d'affirmer, corresponde la duplicité du critique, qui répond sous couvert d'interroger. […] Allusion et assertion, silence de l'œuvre qui parle et parole de l'homme qui écoute, tel est le souffle infini de la littérature dans le monde et dans l'histoire." Racine, ibid.


"Tous les textes qui sont donnés ici sont comme les maillons d'une chaîne de sens, mais cette chaîne est flottante. Qui pourrait la fixer, lui donner un signifié sûr ? Le temps peut-être : rassembler des textes anciens dans un livre nouveau, c'est vouloir interroger le temps, le solliciter de donner sa réponse aux fragments qui viennent du passé ; mais le temps est double, temps de l'écriture et du temps de la mémoire, et cette duplicité appelle à sont tour un sens suivant : le temps lui-même est une forme." Roland Barthes, Essais critiques, Préface, 1964 (Hatier, manuel 1ère, p. 18)


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Du dilemme* cornélien à la dénonciation des passions dans le théâtre de Racine
* www.tempoedialectique.blogspot.com