Olivier Py ou "La Surprise du théâtre"
Auteur dramatique, romancier, poète, comédien, metteur en scène
Extraits de l'entretien :
-- Il connaissait mes idées, mon attachement aux idéaux de la décentralisation. Ma conviction que ce rêve a un bel avenir, que l'enivrement virtuel et la globalisation ne remettent pas en cause notre geste : au contraire, cela le refonde autrement. Il a sans doute aussi été intéressé par mon attachement à un théâtre qui se fonde avant tout à partir du poème.
-- C'est votre ligne majeure ?
-- Ce que je disais il y a dix ans de manière corsaire, agressive -- il faut que les poètes contemporains soient entendus --, je ne peux plus le dire de la même façon : il y a aujourd'hui beaucoup plus de productions à partir de textes contemporains. Nous avons maintenant besoin d'un travail sur le répertoire : on joue toujours les mêmes pièces alors que des parties entières du répertoire sont tombées dans l'obscurité. On monte plus Jean-Luc Lagarce [avec qui Py a travaillé plusieurs années] que Corneille, et Hugo semble interdit. Peut-être pourrai-je réparer cette injustice.
Le Monde, vendredi 4 mai 2007 : entretien - Le nouveau directeur de l'Odéon présente la saison 2007-2008
Entretien d' Olivier Py avec les étudiants de la Sorbonne, mercredi 17 février 2010
"Le théâtre qui a un message, je m'en méfierai toujours"
"On n'a pas à demander au théâtre de viser autre chose que lui-même"
"Pour être efficace, le théâtre doit être en exil du monde politique"
"La parole qui sauve ne sauvera pas quand elle sera déléguée à des technologues"
"Le théâtre est de l'ordre de l'anthropogène. C'est la mise en relation, en présence avec le phénomène de la parole et faire que par la parole toute réalité fasse signe".
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PORTRAIT : Olivier Py, des Suppliantes d'Eschyle à La Vraie fiancée et aux Enfants de Saturne un chemin...
"Nous devons notre salut à la force des mots", Les Suppliantes
Odéon, Théâtre de l'Europe « hors les murs »
jeudi 6 avril à 12 heures : 2des et 1ères (durée : une petite heure)
L'autre, un sujet en question : l'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir
avec "la mesure en héritage"
Dialectique ou polémique ?
Argumenter, c'est donner ses raisons
Ecouter : c'est prendre en compte la parole de l'autre
Disserter : c'est écouter des points de vue différents et mettre en jeu ses connaissances littéraires pour servir différentes thèses, avec la perspective d'une synthèse délibérative.
Quel est le symbole de l'olivier ?
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L'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir : « la mesure en héritage »
Texte français, adaptation et mise en scène d'Olivier Py, Directeur de L'Odéon-Théâtre de l'Europe
Odéon, Théâtre de l'Europe « hors les murs »
jeudi 6 avril à 12 heures, Théâtre de l'EABJM : 2des et 1ères (durée : une petite heure)
D'Eschyle, Olivier Py a mis en scène l'Orestie, en 2008, Les Sept contre Thèbes, en 2009 et en 2010, Les Suppliantes
Olivier Py a souhaité projeter l’Odéon «hors les murs», à la rencontre de ceux et celles qui deviendront peut-être publics des théâtres. Au cours de la saison passée, deux comédiens ont donc sillonné l’Île-de-France pour interpréter dans les lycées, les centres sociaux, les comités d’entreprise, une version brève et intense des Sept contre Thèbes d’Eschyle.
Cette première expérience s’est avérée si forte qu’Olivier Py souhaite poser dès 2010, toujours avec Eschyle, un nouveau jalon de ce «théâtre d’intervention», en donnant des Suppliantes une version concentrée, d’une heure environ, pour trois comédiens. La tragédie des Suppliantes est une forme théâtrale d’une telle simplicité qu’elle a longtemps passé pour l’oeuvre la plus ancienne que nous ayons conservée du premier des grands Tragiques.
L’intrigue est d’un dépouillement tel qu’elle en devient presque archétypique. Un choeur de femmes, fuyant des noces auxquelles on veut les contraindre, vient demander asile et protection en terre d’Argos ; le roi du pays, après avoir hésité entre deux droits et deux intérêts – ceux de son peuple, ceux des suppliantes –, décide de leur accorder son soutien et se prépare à une guerre dès lors inévitable. La situation, sans autre ressort dramatique que les affres des malheureuses, suffit à évoquer des questions aussi essentielles que la violence faite aux femmes, l’exil et le malheur des réfugiés, l’accueil de l’étranger et l’hospitalité comme devoir.
Les Danaïdes, John William Waterhouse (1903)
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L'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir : « la mesure en héritage »
Une tragédie contemporaine : Daniel Loayza
Daniel LOAYZA est normalien et agrégé de Lettres, conseiller dramaturgique de l'Odéon. Il a notamment traduit l'Orestie d'Eschyle, pour la collection Garnier-Flammarion.
Le théâtre ici assume la simplicité grave des statues. Un groupe de femmes entre en scène pour ne plus en sortir. Elles viennes d'au-delà des mers. Elles fuient la terre où elles sont nées, car leurs cousins, qui les poursuivent, veulent les épouser de force. Sous la conduite de leur père, les voici donc sur le sol grec pour demander asile au roi d'Argos. Consentir à cette demande, c'est risquer une guerre ; la repousser, c'est outrager le droit divin des faibles et des suppliants. Et d'ailleurs, que vaudrait ici une décision royale dont le peuple ne se porterait pas garant ? Démocratie et droit des gens, respect des femmes et de l'étranger, violence, justice, hospitalité -- de toutes les pièces d'Eschyle, aucune ne trace en si peu de gestes une intrigue d'apparence aussi claire, où tant de fils tendus se nouent et vibrent encore. Les ressources d'art convoquées par Eschyle sont elles aussi d'une sobriété presque hiératique. Le choeur des Danaïdes constitue le véritable protagoniste. Leurs angoisses, leurs épreuves, leurs supplications suffisent au mouvement dramatique. Le décor n'est pas moins dépouillé. Les Suppliantes est une tragédie sans autre espace scénique que l'orchestra, l'aire circulaire où le choeur déployait ses danses. [...]
Du désordre qui règne encore, les filles de Danaos, sont d'abord les victimes, elles à qui les fils d'Egyptos veulent s'imposer par la violence. Dès la deuxième pièce (perdue) de la trilogie, il s'avérait que les Danaïdes prolongeaient ce désordre à leur tour, en faisant couler le sang de leurs cousins -- mais ceci est une autre histoire. Comment s'achevait-elle selon Eschyle ? Zeus, recours de l'étranger, est aussi protecteur avec son épouse Héra des liens du mariage. Dans la troisième et dernière tragédie, les meurtrières étaient donc condamnées à subir le joug nuptial, et le temps qui s'inaugure alors, temps de l'union et du consentement à la loi commune des mortels, ouvre désormais la voie au nôtre : l'ère de l'excès se referme, et le mythe, en prenant congé, nous laisse la mesure en héritage.
Une présentation de : à suivre...
La Vraie fiancée, Olivier Py (Théâtre de L'Odéon) et rencontre avec Olivier Py
Vendredi 11 juin 2010 (2de 4) - Ateliers Berthier 17ème