A son origine, elle est une cérémonie religieuse et civique.
Jean-Pierre Vernant caractérise la tragédie par une tension entre le passé du mythe et le présent de la polis.
Issue des légendes grecques d'abord transmises oralement par des aèdes (poètes chanteurs), l'épopée est la première forme du récit. Le genre épique se retrouve dans de nombreuses civilisations. La tragédie succède à l'épopée (p. 113) mais est antérieure à la comédie.
De l'épopée à la tragédie : tempoetheatre.poesie.com
L'épopée est l'ancêtre du roman et de la tragédie : tempoepoesie-mythe
De l'épopée au roman (p. 124) : tempoeroman.blogspot.com
La guerre de Troie inspira L'Iliade d'Homère, puis Les Troyennes, tragédie d'Euripide.
Les tragédies d'Eschyle :
PROMETHEE ENCHAINE - PROMETHEE DELIVRE - PROMETHEE PORTE-FEU
La tragédie, à son origine, est une cérémonie religieuse et civique. Elle se déroule dans des théâtres.
Cette origine religieuse et le registre tragique définissent le genre de la tragédie : les héros mêlés à des intrigues nouées par les dieux, sont impuissants, souffrant de la fatalité qui pèse sur eux (Prométhée, Oedipe, Antigone, Iphigénie). Contrairement au registre comique, le héros tragique est d'ascendance noble et mythique. (p.. 31, Manuel de français de 2de, Terres littéraires, Hatier)
La tragédie succède à l'épopée (p. 113), mais est antérieure à la comédie.
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Les origines de la tragédie : le châtiment de l'Hybris ou le sacrifice du héros ("demi-dieu")
Les dionysies (tragos-ôde : chant du bouc) : Dionysos ou le bouc-émissaire
A Athènes, dans l'Antiquité, les citoyens assistaient en masse aux représentations théâtrales. Le théâtre était considéré non seulement comme un divertissement, mais aussi comme un moyen d'éducation morale et civique.
Suivant La Poétique d'Aristote, le spectateur doit ressentir "terreur" et pitié" pour le héros (bouc-émissaire), éprouver de la compassion mais se garder de chercher à lui ressembler par la démesure : l'"hybris".
La "mimesis" (la représentation) favorise un processus d'identification destiné à provoquer un bouleversement salutaire appelé la "catharsis" ou purgation des passions. Le spectateur doit sortir transformé d'un spectacle et apprendre la soumission à la dikè divine et à la polis.
(moral, politique, pédagogique)
Un théâtre miroir d'une société ?
Le sacrifice du héros tragique : "mimesis" et "catharsis"
I. Le sacrifice du héros tragique ("tragos-ôde") : la "purgation des passions", de la tragédie grecque au théâtre janséniste de Racine ( "mimesis " et "catharsis" : le châtiment de l'"hybris").
=> la tragédie classique (p. 43)
II. La tragédie moderne : réécritures et relectures du mythe
=> une remise en cause de la tragédie classique (p. 45)
III. Le théâtre, un chemin : l'enquête sur l'origine dans le théâtre contemporain
3, place du 11 novembre - 92240 Malakoff (M°Malakoff/ Plateau de Vanves)
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Le mythe du "paradis perdu" : la chute
Gustave Doré, illustration to Milton'Paradise Lost
A l'origine était le mythe...
"On ne pense que par image. Si tu veux être philosophe, écris des romans", Albert Camus
Le mythe : récit légendaire des origines qui exprime les valeurs d'une société. Amplifié par l'imaginaire collectif, il s'inspire de légendes portées par une tradition orale.
[bas latin mythus ; grec muthos : récit, fable]
"Un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante", Denis de Rougemont
Le mythe est un récit fabuleux porté à l'origine par une tradition orale. Souvent d'origine populaire, il met en scène des êtres incarnant sous une forme symbolique des forces de la nature, des aspects de la condition humaine (fable, légende, mythologie). Il contient généralement une morale.
Représentation de faits ou de personnages réels déformés ou amplifiés par l'imaginaire collectif, la tradition. Il implique souvent des personnages merveilleux (des dieux, des héros*, des animaux fabuleux, des anges ou des démons).
* héros : au sens étymologique de "demi-dieu"
Le mythe se veut explicatif et fondateur d'une pratique sociale. Il propose sous forme métaphorique une lecture du monde et de la société qui les transmet (cosmogonie et genèse : création du monde, phénomènes naturels, rapports de l'homme avec le divin et la société, genèse d'une société humaine et ses relations avec les autres sociétés).
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"De la musique avant toute chose"...
Lyre, lyrisme
Tragédie (tragos-ôde)
Dionysos, Apollon, Calliope, Thalie, Nelpomène, Orphée... ou le chant qui guérit ?
Dans l'Antiquité grecque, la musique, le chant, la danse et le théâtre étaient indissociables.
Ils étaient associés à "l'art médical".
Quel est le nom de ce dieu ?
Et pourquoi est-il honoré à Epidaure ?
La tragédie ("tragos" -"ôde") ou le chant qui guérit : mimesis et catharsis
ESCULAPE, le dieu de la chirurgie et de la médecine
Il est le fils de Coronis et d'Apollon (ou le dieu de la beauté égoïste) => Les Métamorphoses d'Ovide
De naissance miraculeuse, formé par le centaure Chiron, il devient un bon médecin.
Il apprend également la musique et les mathématiques.
L'hybris
Il serait arrivé un jour en retard au chevet d'une jeune malade qu'il aurait ressuscitée grâce au sang de la Méduse pour réparer sa faute.
Il aurait été châtié pour avoir bouleversé la loi divine (tous les hommes sont mortels) et provoqué la colère d'Hadès (le dieu de la vallée des morts) parce qu'il aurait rompu l'équilibre => Prométhée enchaîné d'Eschyle
Il est honoré d'abord à Epidaure, puis dans toute le Grèce, sous la forme d'un serpent.
Ouverture de deux sites à Epidaure, au début et à l'apogée de la civilisation grecque :
au IVème siècle avant JC
Freud, Introduction à la psychanalyse
1. Un centre médical et religieux (capacité d'accueil de 60 malades) : miracles ou thérapies miraculeuses ?
Les percussions contribuaient à soigner les "mélancoliques"
Et la lyre les "agités"...
2. Un théâtre antique (ou amphithéâtre) à l'acoustique exceptionnelle construit par l'architecte Polyclète.
("Les Muses aiment les chants alternés")
I. Le sacrifice du héros tragique ("tragos-ôde") : la "purgation des passions", de la tragédie grecque au théâtre janséniste de Racine ( "mimesis " et "catharsis" : le châtiment de l'"hybris").
=> la tragédie classique (p. 43)
LE JANSENISME : Racine et son théâtre ; Pascal, Les Provinciales (1656-1657)
« misère de l’homme sans Dieu », Pascal : l’homme, sans la « grâce » divine ne peut être sauvé.
Le paradoxe de Port-Royal : la fidélité marquée de Racine envers ses premiers maîtres lui valut la demi-disgrâce qui précéda de peu sa mort (1699)
LE JANSENISME : mouvement religieux et intellectuel animé par les partisans de la doctrine de Jansénius sur la grâce et la prédestination ; morale chrétienne austère, exigeante, voire rigoriste (Pascal Quignard, Tous les matins du monde)
Saint-Augustin, Les Confessions : dénonciation de 3 formes de libido (libido dominendi , sciendi et sentiendi)
Le théâtre de Racine : théâtre de la condamnation des "passions" (l'"hybris" : la démesure).
Les jansénismes formaient un parti hostile à l'absolutisme de Louis XIV qui entreprit en 1661 de s'assurer leur soumission. [Auparavant, il y avait eu de nombreuses querelles à propos de la grâce, des critiques des jansénistes à propos de la fréquente communion et du laxisme des casuistes, de violentes réactions des jésuites : l'interdiction faite par Rome de ne rien publier sur ces matières (1611 et 1625) n'enraya pas la querelle de plus en plus chargée de significations politiques (le parti dévot, en relation avec Jansénius, s'attira la haine politique de Richelieu)].
"S'il se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante ; et je le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible." Pascal, Pensées , 420
COMPAGNIE DE JESUS (fondée en 1540 par Ignace de Loyola) : vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, spécialement au pape. Ordre fortement hiérarchisé, organisé militairement. Apostolat "pour la plus grande gloire de Dieu"
( "Ad majorem Dei gloriam" , devise de l'ordre) développement de l'enseignement : 1615-1645 : âge d'or > le meilleur instrument de la Réforme catholique.
Problématique : Le théâtre de Racine est-il « janséniste » ?
Fin de l’article « Racine » du Dictionnaire, Robert des noms propres :
S’inscrivant contre la « galanterie » et le « romanesque », préférant aux intrigues complexes de Corneille la progression d’une évolution dramatique conduite par la logique des caractères, celle même de leur discours, substituant à l’ « admiration » suscitée par le héros, vainqueur des dieux et de lui-même, la pitié et l’horreur engendrés par son destin misérable, Racine a restitué à la scène tragique sa véritable dimension, celle que lui avait conférée les Grecs. En concevant la passion amoureuse comme une fatalité infernale, génératrice de haine et de destruction, en la présentant comme l’instinct le plus possessif et le plus égoïste de l’âme humaine, sans, toutefois, que ses misérables victimes n’entretiennent en elles-mêmes la nostalgie douloureuse d’une innocence perdue, Racine apparaît non seulement comme le meilleur disciple de Port-Royal, mais encore comme le véritable créateur de la tragédie française.
Roland Barthes, Sur Racine (préface)
"La littérature est essentiellement, comme je le crois, à la fois un sens posé et un sens déçu, Racine est sans doute le plus grand écrivain français ; son génie ne serait alors situé spécialement dans aucune des vertus qui ont fait successivement sa fortune (car la définition éthique de Racine n'a cessé de varier), mais plutôt dans un art inégalé de la disponibilité, qui lui permet de se maintenir dans le champ de n'importe quel langage critique.
Cette disponibilité n'est pas une vertu mineure ; elle est bien au contraire l'être même de la littérature, porté à son paroxysme. Ecrire, c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. La réponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté ; mais comme histoire, langage et liberté changent infiniment, la réponse du monde à l'écrivain est infinie : on ne cesse jamais de répondre à ce qui a été écrit hors de toute réponse : affirmés, puis mis en rivalité, puis remplacés, les sens passent, la question demeure."
L'œuvre est une forme (comme le temps) : à cette condition seulement, elle peut être une structure d'appel :
"Mais pour que le jeu s'accomplisse […], il faut que l'œuvre soit vraiment une forme, qu'elle désigne vraiment un sens tremblé, et non un sens fermé […] il faut qu'à la duplicité fatale de l'écrivain, qui interroge sous couvert d'affirmer, corresponde la duplicité du critique, qui répond sous couvert d'interroger. […] Allusion et assertion, silence de l'œuvre qui parle et parole de l'homme qui écoute, tel est le souffle infini de la littérature dans le monde et dans l'histoire." Racine, ibid.
"Tous les textes qui sont donnés ici sont comme les maillons d'une chaîne de sens, mais cette chaîne est flottante. Qui pourrait la fixer, lui donner un signifié sûr ? Le temps peut-être : rassembler des textes anciens dans un livre nouveau, c'est vouloir interroger le temps, le solliciter de donner sa réponse aux fragments qui viennent du passé ; mais le temps est double, temps de l'écriture et du temps de la mémoire, et cette duplicité appelle à sont tour un sens suivant : le temps lui-même est une forme." Roland Barthes, Essais critiques, Préface, 1964 (Hatier, manuel 1ère, p. 18)
Du dilemme* cornélien à la dénonciation des passions dans le théâtre de Racine
* www.tempoedialectique.blogspot.com